• Le longiligne jeune homme, portant gilet en laine et nœud papillon, joue la carte du décalage, entre une musique guillerette et des paroles assez sombres. Couronné à plusieurs reprises, ce natif de Bruxelles a déjà des allures d’évidence.

    Entretien avec le journaliste Grégory Cimatti

    Vous avez commencé avec le hip-hop, notamment en composant pour Kery James. Pourquoi n’avoir jamais sorti un album 100% rap?
    Stromae
    : C’est en 2009 que j’ai décidé de prendre ce tournant-là, grâce à l’appui, notamment, de tout mon entourage. J’aime ici plutôt parler d’évolution que de changement musical. Car à force d’imiter, j’avais assez appris et je me suis dit qu’il était temps de faire quelque chose de différent, ou, en tout cas, quelque chose que peu jouent.

    De toute façon, vous n’avez jamais été tendre avec la « communauté » du hip-hop…
    Aujourd’hui, j’ai peut-être plus de mal avec ce terme « communauté ». Peut-être qu’il faudrait tout simplement l’abandonner… Mais c’est vrai, j’ai tenu ce genre de discours, et j’étais même assez radical en critiquant le rap et ses clichés bling-bling. Désormais, les barrières sont tombées. Je me sens aussi bien jazz que soul, autant salsa que rap. J’ai même en moi des airs de rumba congolaise!

    Comment êtes-vous venu vers l’électronique et, particulièrement, ce style Eurodance. Avec les bidouillages?
    Mais le rap et l’électronique – en tout cas la dance – sont frère et sœur, sans jamais avoir pu s’encadrer. Ils se haïssent alors qu’ils ont les mêmes origines. Venir d’un style à un autre, ça ne se calcule pas. Ce sont les médias qui délimitent, catégorisent. Les artistes, eux, créent, sans se soucier des frontières.
    En tant que bruxellois, vous chantez en français. N’avez-vous pas été tenté par l’anglais, surtout que votre tube, Alors on danse, a été diffusé un peu partout en Europe et dans le monde?
    Pour ce morceau en particulier, oui. Mais finalement, ça ne s’est pas fait. Mais qui sait, un jour peut-être… Cela dit, il me faudra au moins dix ans d’immersion dans un pays anglophone pour réussir à composer des poèmes dans cette langue. Mais pourquoi pas.
    Et en flamand…
    (il rigole) C’est vrai que j’aurais plus tendance à m’orienter vers le flamand que l’anglais.
    Surtout que Brel, qui est l’une de vos idoles, l’a fait!
    Tout à fait. Je ne sais pas s’il a composé des chansons entières, mais plutôt des petits mots insérés ici et là dans les morceaux.
    Vos paroles parlent souvent de désespoir. L’écriture, est-ce un exutoire?
    Ça, c’est ma belgitude! Le principe, c’est de ne pas s’apitoyer sur son sort. On énumère les problèmes, on les cite, et voilà tout. C’est assez sensible dans Alors on danse, comme dans Te Quiero, où j’évoque un divorce annoncé, ou encore dans Dodo – le plus noir de l’album – sur fond de violences conjugales. C’est triste, mais ce genre de situations, malheureusement, on doit vivre avec. On n’a pas le choix.
    Est-ce important le sens des textes, même sur une musique principalement faite pour danser?
    Ma voix, sur la musique, ne doit pas être un boulet. Elle doit apporter quelque chose de supplémentaire, comme un rythme, et bien sûr, être porteuse d’un message. Je tiens ça de ma période hip-hop avec mon partenaire de l’époque, J.E.D.I. C’est lui qui m’a donné cette importance du fond.

    Ça doit quand même vous faire rire en imaginant les gens danser sur des textes où l’on parle de crise, de dettes, de mort…
    Si certaines personnes ne saisissent pas le message, tant pis, ou tant mieux! Ce n’est pas grave. J’ai fait une chanson à ce propos, d’ailleurs, Up Saw Liz, où je dis : « T’en as rien à foutre de ce que je dis ». Je ne leur en veux pas. D’autres, au contraire, ne vont pas danser, et écouter les paroles. Le vrai sens de mon travail, c’est ça : être à cheval sur ces deux extrémités.

    Si vous êtes autant sensible à votre entourage, à quand, alors, une chanson sur votre pays, qui a connu des moments plus « glorieux »?
    À mes yeux, c’était trop attendu. On se dit : « Tiens, il vient de Bruxelles, alors il va faire une chanson sur la réconciliation de la Belgique »… Bon, j’avoue, j’avais pensé à une chanson qui s’intitulerait Made in Belgium, mais elle ne sera pas pour tout de suite!

    Votre notoriété est arrivée soudainement. Quand ça vient aussi rapidement, est-ce que l’on prend peur?
    Le plus inquiétant a été le succès d’Alors on danse. Fatalement, on entend des gens dire que Stromae va être un simple « one shot ». Après, quand on se retrouve aux Transmusicales de Rennes, avec un petit single, devant un public d’une grande qualité d’écoute, on se sent soutenu. Mon but a toujours été de faire de la musique. Je ne suis pas l’homme d’un tube. Et je remercie ces personnes, organisateurs de festival ou autres, qui ne s’arrêtent pas aux a priori. Être populaire ne veut pas dire être vendu. Faire de la dance ne veut pas dire que c’est automatiquement mauvais.

    Sur scène, c’est à un véritable one man show que vous vous livrez, en compagnie de deux musiciens automates aux allures de Dupond et Dupont. Pourquoi ce choix?
    J’ai toujours voulu un concert minimaliste à la Kraftwerk. Et c’est le collectif Anti-VJ – par le biais de deux de ses représentants qui se charge avec brio de la scénographie. Eux vont à l’essentiel. Pas besoin d’explosions à l’américaine pour impressionner.

    Au point que le chanteur Arno aime vous y rejoindre. Ça doit être sympa d’avoir un parrain comme lui…
    C’est même la grande classe! Ayant, à l’époque, un répertoire assez limité, je l’ai contacté pour faire une reprise en electro de Putain Putain, c’est vach’ment bien, on est quand même tous des Européens… Je trouve cette phrase complètement folle. Ça déchire! Il a accepté et m’a même rejoint sur scène, donc, à deux reprises. Et plus si affinités. En tout cas, c’est quelqu’un de fin et d’ultrasubtil. Il est du genre à préférer arriver con pour en ressortir plus intelligent, plutôt que l’inverse. Un peu comme moi!

    Pourquoi avoir intitulé votre album Cheese. Quel en est le message?
    Ma philosophie n’est pas d’affirmer : « La vie, c’est mal, mais il faut sourire quand même. » Je ne suis pas un donneur de leçons. Non, dans cet album, je dis : « On sourit, que l’on soit joyeux ou triste. » J’appelle ça de la diplomatie et heureusement que cela existe. Sinon, ce serait le bordel. Et une vie sans problème, ça n’en est pas vraiment une…

    Vous avez reçu pas mal de prix dernièrement. Une Victoire de la musique, la récompense honorifique de Bruxellois de l’année 2010 dans la section culture et, plus récemment, le Ultratop Dowload Awards, attribué à l’artiste le plus téléchargé en Belgique. Qu’est-ce que cela vous évoque?
    Disons que moi, avant Alors on danse, je n’avais jamais vendu de disque. N’ayant pas connu l’âge d’or de l’industrie musicale, je n’ai pas ressenti les effets de la crise. Alors vendre 1 700 000 singles sur le net, je trouvais ça inattendu, même inimaginable! Le débat du téléchargement légal ou pas, je le subirai peut-être plus tard. Mais c’est clair, j’ai du mal à me situer, ayant moi même grandi avec la musique gratuite.

    Pour conclure, Stromae signifie maestro en verlan. Vous êtes quel type de maestro?
    Je suis un maestro à deux balles. Moi, mes musiciens, ils sont dans mon ordinateur, alors imaginez… C’est comme le nom de mon label : Mosaert. Il y a un peu de prétention derrière tout ça, mais beaucoup de dérision aussi. Et on va continuer à trouver des anagrammes. C’est un jeu rigolo!

    Source de article: http://www.lequotidien.lu/culture/20435.html


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  • Le syndicat des musiciens français (Spedidam) refuse que Stromae soit accompagné d'un orchestre symphonique composé de musiciens belges.

    Ce lundi matin, les organisateurs des Victoires de la Musique ont averti le chanteur Stromae qu'il ne pourrait pas se produire, ce 1er mars, sur la scène du Palais des Congrès de Paris, en compagnie d'un orchestre d'une trentaine de musiciens belges. Ils devaient reprendre une chanson de Stromae en version symphonique. "Le syndicat des musiciens français a fait pression sur les organisateurs qui ont finalement capitulé. C'est honteux car ce sont 35 musiciens qui ont bloqué cette date, il y a eu des répétitions... On ne trouve vraiment pas ça correct", peste Denis Rochez qui devait gérer la logistique pour ces musiciens. "Universal qui distribue Stromae a promis un dédommagement mais c'est sur le principe qu'on râle." Les musiciens recalés sont ceux qui accompagnent le groupe liégeois de My Little Cheap Dictaphone pour son nouvel album. Le Belge ne comprend d'autant pas cette décision que des musiciens d'autres pays seront la scène du Palais des Congrès. "Mais pour les musiciens français, la diffusion des Victoires de la musique est une vitrine." Et visiblement, ils ne veulent pas la partager avec les p'tits Belges. Source de article: http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20110221_051&sms_ss=facebook&at_xt=4d62d119301fbdbe%2C0

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  • Stromae a remporté l’award du hit belge de l’année avec « Alors on danse », mais le chanteur fluet dit vouloir se détacher de ce single dance qui a occupé le haut des classements et conquit une grande partie de l’Europe en 2010. Il veut aussi se détacher de la maison familiale. Interview.

    De temps à autre, un véritable hymne dance vient rythmer toute une décennie : « Remember Me » du DJ Ecossais Blueboy en 1997 ou l’euro-tastique « Dragostea Din Tei » des Moldaves d’O-zone. D’accord, le panel est discutable, mais vous avez saisi l’idée – des rythmes répétitifs associés à des mots dans une langue étrangère pour épicer le tout. En 2010, les hits parades ont honoré le belge Stromae, de l’Allemagne et la Suisse jusqu’à l’Autriche et l’Angleterre. Stromae, alias Paul van Haver, admet qu’il n’avait pas imaginé qu’un titre français pourrait remporter un tel succès en Europe : le single Alors on danse » a occupé le haut des hits parades dans 15 des 27 états de l’UE. « J’imagine que c’était suffisamment exotique et original », avance-t-il au festival Transmusicales de Rennes 2010, dans le nord-ouest de la France. « Dans un monde parfait, je veux croire que les gens ont compris le message, au moins grâce à la vidéo. »

    Ibrahim Ferrer est un des héros de Stromae

    Ibrahim Ferrer est un des héros de Stromae | Le nom du chanteur de Buena Vista Social Club revient fréquemment

    Dans le clip, van Haver est traîné, à travers plusieurs écrans, des locaux ennuyeux d’un travail de bureau jusque dans la rue avec son lot de gestes quotidiens, pour atterrir dans une discothèque avant d’être poussé de nouveau jusque sur sa chaise de bureau. « La chanson parle des night-clubs », dit le bruxellois de 25 ans, qui cache sa maigre silhouette sous un pull-over branché, des chaussettes colorées et de simples mocassins. « Je sortais beaucoup. Je voyais des gens comme moi, boire et faire semblant d’être heureux mais j’ai vu la tristesse dans leurs yeux. Au début je le critiquais mais après j’ai commencé à aimer ça, il ne s’agit pas tellement d’être triste ou joyeux que de travailler pour vivre, par exemple. »

    « Je récite mes paroles la nuit »

    Stromae n’est pas affalé sur sa chaise cet après-midi aux Transmusicales, et il reste très modeste malgré son succès paneuropéen. On en retrouve une trace dans son nom de scène : Stromae est le verlan de « maestro ». Il prétend que son anglais n’est pas très bon, mais il parvient à s’exprimer en face à face et n’hésite pas à prendre le micro pour diriger une conférence de presse, préférant s’engager activement dans la foule plutôt que de se voir dominer par elle. « Jean-Luc Bossard (l’organisateur du festival) a eu les couilles d’inviter quelqu’un comme moi, quelqu’un de populaire », dit-il au sujet de ses quatre jours de présence au festival, qui se déroule en salle. Cela l’a aidé à combattre efficacement son image de favoris des ados, et il en est reconnaissant. « Il y avait énormément de jeunes à mes concerts, mais ensuite des adultes sont venus, par curiosité. Je veux m’adresser à tout le monde. » Ajouter à cela une bonne dose de travail dur, pour l’éthique et le charme : « J’ai écrit et composé moi-même tout l’album. Je vis, je dors et je respire mon travail. Je révise tout comme si j’étais à l’école : je récite mes paroles la nuit et quand je fais une erreur, je recommence. »

    Stromae s’interroge sur les raisons du succès de sa musique : est-elle exotique pour un public européen? Mais « exotique » est un mot qu’on lui colle à tort. Bien que son père soit rwandais, il refuse d’en faire l’un de ses traits de personnalité. « Je n’ai jamais vraiment eu d’attachement là-bas, ma famille est belge et vit ici », répond-il honnêtement et fermement. S’il est devenu un modèle, c’est aussi grâce aux médias et à son succès selon lui. « A 25 ans, on la ferme et on écoute, sourit-il. Je ne prétendrai jamais être quelqu’un pour essayer d’enseigner quelque chose à qui que ce soi. Le seul message que je veux faire passer est de sourire et dire “cheese”. Je voudrais aussi que chacun puisse faire de la musique, c’est ce qu’il ressort de la mienne. » Van Haver a commencé le rap à 16 ans, il jouait des percussions depuis l’âge de 12 ans et il a grandi dans une maison où le rap français et la musique latine se mélangeaient. « Entourage » est un mot clé pour comprendre qui est Stromae aujourd’hui : deux de ses frères participent à la gestion de sa carrière et il habite toujours dans la maison familiale, même si ce n’est plus pour longtemps.

    Cocon

    La pochette du single "Alors on danse"

    la pochette du single “Alors on danse”Stromae est un homme qui attend de sortir de son cocon. Si ses paroles s’envolent, il restera quelqu’un à observer. L’une des chansons de son nouvel album parle de la pédophilie et de la violence domestique, en prenant le point de vue d’un jeune enfant. « J’ai demandé à ma famille et mes amis si cela pourrait être trop choquant ou extrême de parler des abus sexuel à l’intérieur même d’un foyer, mais je pense que le vrai problème c’est le tabou qui entoure le sujet », conclut-t-il vivement. « C’est triste, parce que tout le monde connaît quelqu’un qui a eu affaire à ce genre de truc. » Alors que Stromae entame une année de scènes et de festivals, on peut être sûr qu’il retrouvera dans tous les lieux bondés qu’il fréquentera, ces même bras levés qui satisferont son ego modeste mais confiant, comme ils l’ont fait ici à Rennes. Il est capable, charismatique, et même s’il prétend ne pas être quelqu’un dont il faut tenir compte, il a prouvé le contraire en comprenant ce qui fait danser les gens jusqu’à l’aube.

    Photo : (cc) @Dati ; ©Renata Burns; pochette d’album : courtoisie de Stromae/myspace

    Source de article: http://www-pre.cafebabel.fr/article/36414/stromae-un-modele-moi-a-25-ans-.html


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    Suite à sa victoire dans la catégorie « Album de musique électronique ou dance », Stromae est désormais nommé dans la catégorie « Album de l'année » pour la seconde phase des Victoires de la Musique. Nous comptons donc sur vous pour vous mobiliser autant que possible et voter au maximum ! Les votes sont ouverts jusqu'au 1er Mars (date des Victoires de la Musique / Retransmission sur France 2) sur le site officiel des Victoires de la Musique : http://www.lesvictoires.com/ Vous pourrez également voter pour Stromae le 1er Mars, soir des Victoires de la Musique, dans la catégorie « Chanson de l'année ». Les votes n'étant pas ouverts avant, nous comptons là aussi sur vous pour être au RDV. Faites passer le message !
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